Les Scènes Turques est un papier peint panoramique imprimé en grisaille par la manufacture Dufour vers 1815-1820. Inspiré des gravures de Jean-Baptiste Hilaire illustrant Le Voyage pittoresque de la Grèce (1782-1809) du comte de Choiseul-Gouffier, ce "paysage" nous invite au voyage. Restauré en 2017, il a retrouvé tout son éclat.
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Scènes turques. Vers 1815-1820. 10 lés. Inv. DE.993.CG.1
Exposé dans l'antichambre turque
Le papier peint panoramique apparait dans les dernières années du XVIIIe siècle, se développe sous la Restauration pour décliner au Second Empire. Contrairement à sa dénomination il n’est pas peint mais imprimé selon un processus d’abord artisanal, qui devient industriel avec la mécanisation au XIXe siècle. Il est constitué de six à trente-trois lés. Chaque lé, différent de son voisin, forme une partie du motif, le dernier se raccordant au premier, permettant ainsi de s'adapter à tout type d'espace.
Destinés à décorer les intérieurs, en particulier les salons bourgeois, ces "tableaux-paysages" reflètent le goût de l'époque pour les sujets philosophiques et néo-classiques. Ils s'inspirent des écrits littéraires à succès, revisitent les mythes antiques ou encore puisent dans les récits de voyages.
En 1776, Marie-Gabriel-Florent-Auguste de Choiseul-Gouffier (1752-1817) part pour la Grèce à bord de la frégate Atalante. Accompagné de dessinateurs, peintres, architectes et archéologues, il visite le sud du Péloponnèse, les Cyclades, d'autres îles de l'Égée puis l'Asie mineure. À son retour, il publie en 1782 le premier volume de son Voyage pittoresque de la Grèce, illustré notamment de dessins de Jean-Baptiste Hilaire dont s'inspire le papier peint Les Scènes turques conservé à la maison de Chateaubriand. Les dix panneaux de ce panoramique imprimé en grisaille par la manufacture Dufour, reproduisent presque à l'identique plusieurs de ses dessins et nous plongent dans un univers tout à la fois réaliste et exotique.
J.B. Hilaire, dessinateur, J. Mathieu, graveur. Vue d'un Aqueduc près d'Ephèse |
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« Ce monument est construit tout en marbre blanc. » […]« Ce n’est point comme un voyageur l’a pensé, un pont auquel on a depuis ajouté l’étage supérieur, tout le Monument étant de la même construction » […] « Nos conducteurs craignant les bandits qui sont fort communs dans ce canton, et dont on venait de leur faire peur, ne voulaient point de nous permettre de nous arrêter ; et ils finirent par nous abandonner, lorsqu’ils nous virent décidés à ne point partir sans avoir dessiné et mesuré ce Monument ». Choiseul - Gouffier, Marie-Gabriel-Florent-Auguste (1752-1817). Voyage pittoresque de la Grèce : Tome premier, 1782, Pl. 118. Bibliothèque de l'Institut National d'Histoire de l'Art, collections Jacques Doucet - Bibliothèque numérique de l'Inha. |
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J.B. Hilaire, dessinateur, H. Guttenberg le Jeune et C. Weisbrod, graveurs. Halte des voyageurs près de Dourlach, dans la Carie. |
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« Nous traversâmes ensuite un Village, nommé Dourlach, où nous n’aperçûmes aucun vestige d’antiquités ; nos conducteurs, craignant pour nous un mauvais accueil de la part de l’Aga auquel il appartenait, nous conduisirent un quart de lieue plus loin au pied d’un arbre sous lequel nous passâmes la nuit. Le dessin […] fut fait sur le champ ; c’est le tableau fidèle de la vie que nous avons menées pendant près d’une année, et à laquelle il est facile de s’accoutumer, dans un climat où les nuits sont aussi belles, et où l’on jouit si bien de l’absence du soleil. » |