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© CD92/Alexandre Lebrun

Vie des ateliers

 

Cycle 1 de la saison 2017-2018

 

« Ce qui se déplace en nous »

Chaque mois, Anne Savelli a entraîné les participants sur des chemins d’écriture traversés par le thème du voyage.

À l’automne, l’itinéraire a commencé par une déambulation littéraire dans le parc et dans la maison, où chaque escale fut le décor d’une lecture inspirée... et inspirante pour un retour en enfance avec son héros préféré campé dans un lieu à écrire.

« Je suis la fée des bois
Volant chaque soir
Autour des arbres noirs
Regardant à chaque fois
Où mes ailes se posent. [...] » (texte écrit par Tricia)

Suivirent les préparatifs du voyage, auquel on rêve et qui un jour s’accomplit.

« [...] Je me lève. La chambre est froide. J’enfile ma laine polaire posée sur une chaise. Je me mets à rêver du traîneau et de l’attelage à douze chiens, des guides aux pommettes écarlates, aux yeux bridés, du compagnon avec qui je partirais. Car nous serions deux, peut-être avec des amis. [...] » (texte écrit par Catherine)

Le voyage s’est poursuivi avec une plongée dans l’imaginaire, espace aux contours mobiles ici stimulé par les murs de la maison où Sophie Kitching encore exposait ses Nuits Américaines.

« [...] Sur la surface du mur animé par la lune qui tremble, le "e" bleu mauve a entendu la supplique du vent.
Le e de ciel, le e de cime, le e de mer,
Et ceux de lumière, et de cieux, et de déserts
Ont fait un pointillé…
… Et le vent qui guettait a fendillé le mur selon le pointillé
… et puis s’est introduit. [...] » (texte écrit par Irène)

L’hiver s’est ensuite installé. Les décors se sont succédé. Ici un univers cadré, décrit à l’aide d’une anaphore, avant que d’avancer dans le noir tous sens éveillés.

« [...] Sans bruit, il ondule entre les objets familiers auxquels la nuit donne une présence irréelle. Il traverse la masse sombre et duveteuse du tapis, jungle de coton aux inextricables branches cotonneuses. L’une des chaises se dresse devant lui telle la silhouette d’un temple mystérieux. Devant l’immense autel mural, il se prosterne, son corps comme dévertébré, ivre de chaleur et de contentement. [...] » (texte écrit par Anne-Cécile)

Là un décor rythmé par une singulière ponctuation.

Plus loin un personnage portraituré en creux par la description des lieux propres à son histoire.

« Cette maison en bois, tu la construis à partir d’un séchoir à tabac. Tu numérotes chaque tuile, chaque poutre afin de bâtir la structure sur ton propre terrain. Un terrain boisé rempli de bruyère. [...] » (texte écrit par Bernadette)

En février, il fut question de vitesse et de photographies, de mouvement et d’immobilité. De voyage en train. 14 participants, 14 voyages imaginés à partir d’impressions nées de descriptions photographiques.

Tout au bout du quai, chaque participant lut une phrase de son texte. Anne enregistra.

Vous êtes invité à écouter...

 

De ce souvenir sonore à « l’écoute du monde », il n’y avait qu’un pas, franchi en mars avec Chateaubriand en Amérique découvrant les « chants primitifs de la nature », et de singulières histoires de bruiteur de cinéma mêlant les mots écrits aux images d’un film imaginé bruité à l’aide de toutes sortes de surprenants objets.

En avril, il fut question de rencontres de voyage. Dans une gare, un aéroport, un port, une salle d’embarquement... et même dans les rayons d’un supermarché (voyage du quotidien moderne ?). De ces rencontres étonnantes ou prévues, fugaces ou récurrentes, superficielles ou plus intimes, rêvées ou éprouvées qui toute vie jalonnent.

« Les passagers, à bord d’un vaisseau, offrent une société différente de celle de l’équipage : ils appartiennent à un autre élément ; leurs destinées sont de la terre. [...] » (Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe)

Puis le parcours se fit plus intérieur. Entre vie et survie. Entre ce qui bouge en nous et ce qui nous vient du dehors.

« Le vivant : univers pas compartimenté. Les hiérarchies faites d’importances je sens petite déterminée c’est une erreur. » (Albane Gellé, Bougé(e), Seuil, 2009)

Un voyage intérieur fait d’apprentissages multiples et multiformes.

Durant la dernière étape, il fut question de traces, de souvenirs du voyage. De l'empreinte des lieux sur soi.

 

 

Quelques ouvrages feuilletés au fil des ateliers...

 

« Écrivains voyageurs » (23/09/2017)

  • Yokô Ogawa, La Bénédiction inattendue (Actes Sud, 2007)
  • Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe (1849-1850)
  • Chateaubriand, Itinéraire de Paris à Jérusalem (1811)
  • Alain-Fournier, Le Grand Meaulnes (1913)
  • Emily Brontë, Les Hauts de Hurlevent (1847)
  • Peter Brook, L’Espace vide (Le Seuil, 1977)
  • Albert Londres, Marseille, porte du Sud (1927)
  • Serge Rezvani (passage écrit par sa femme Lula), Le Testament amoureux (Le Seuil, 1984)
  • Colette, La Naissance du jour (1928)
  • Chateaubriand, Atala (1801)
  • Violette Leduc, La Chasse à l’amour (Gallimard, 1973)
  • Alain Roger, Court traité du paysage (Gallimard, 1997)
  • Lucien Suel, Ni bruit ni fureur (La Table ronde, 2017)

« Se préparer au voyage » (21/10/2017)

  • Xavier de Maistre, Voyage autour de ma chambre (1794)
  • Blaise Cendrars, Mon voyage en Amérique (Fata Morgana, 2003)

« De l’imaginaire » (25/11/2017)

  • Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe (1849-1850), livre III, chapitres 1 et 2
  • Mona Chollet, La tyrannie de la réalité (Calmann-Lévy, 2004)
  • Georges Perec, Espèces d’espaces (Galilée, 1974)

« Entrer et sortir du cadre » (16/12/2017)

  • Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe (1849-1850), livre VI, chapitre 2
  • Joachim Séné, C’était (publie.net, 2012)
  • Georges Perec, Un homme qui dort (1967)
  • Raymond Carver, Demandeur d’emploi (titre original : Looking for Work, 1983)

« Décor(s) » (13/01/2018)

  • Julien Maret, Ameublement (José Corti, 2014)
  • Anne Savelli, Franck (Stock, 2010)
  • Georges Perec, Un homme qui dort (1967)

« Trajet(s) » (03/02/2018)

  • François Bon, Paysage fer, avec des photographies de Jérôme Schlomoff (L’Amourier, 2000)
  • François Bon, En voiture, écritures automobiles (publie.net, 2011)
  • Virginie Gautier et Renaud Buénerd, À l’approche (Les éditions du Chemin de fer, 2017)
  • Anne Savelli, Fenêtres Open space (Le mot et le reste, 2007)

« À l’écoute du monde » (10/03/2018)

  • Chateaubriand, Atala (1801)
  • Christine Montalbetti, Le bruiteur (P.O.L, 2017)
  • Pierre Ménard, Comment écrire au quotidien (publie.net, 2018)
  • Jean-Luc Sarré, Les journées immobiles (Flammarion, 1991)

« Rencontres » (14/04/2018)

  • Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe (1849-1850), livre VI, chapitre 2
  • Albert Londres, Marseille, porte du Sud (1927)
  • Martine Sonnet, Montparnasse monde (Le temps qu’il fait, 2011)
  • Jérôme Game, Salle d’embarquement (Editions de l’Attente, 2017)
  • Françoise Héritier, Au gré des jours (Odile Jacob, 2017)
  • Françoise Héritier, Le sel de la vie (Odile Jacob, 2012)

« Parcours intérieur » (19/05/2018)

  • Marianne Rubinstein, Detroit, dit-elle (Gallimard, « Verticales », 2016)
  • Albane Gellé, Bougé(e) (Seuil, 2009)
  • Brigitte Giraud, J’apprends (Stock, 2005)

« Souvenir du voyage » (16/06/2018)

  • François Bon, Sortie d'usine (Editions de Minuit, 1982)
  • Jérôme Game, Salle d'embarquement (Editions de l’Attente, 2017)
  • Olivier Cadiot, Histoire de la littérature récente, 2 vol. (P.OL, 2016-2017)

 

 

Cycle 2

 

« Des nouvelles de Chateaubriand ? »

« Le monde entier est un théâtre,
Et tous, hommes et femmes, n’y sont que des acteurs ;
Ils ont leurs sorties et leurs entrées,
Et chacun dans sa vie a plusieurs rôles à jouer,
Dans un drame à sept âges. »

Comme les sept étapes de la vie de l’homme exposées par Jacques à l’acte II, scène 7 de la pièce de William Shakespeare, Comme il vous plaira (1599), ils sont 7.

Sept « écrivants » qui, de février à avril 2018, ont participé au nouveau cycle d’ateliers d’écriture d’une nouvelle : Anne-Cécile, Christophe, David, Isabelle, Marie, Max et Nadia.

Guidés par Anne-Florence pour parfaire la composition de leur nouvelle, tous ont poursuivi avec application l’écriture d’une histoire.

Qui se laissant porter par un lointain et impossible amour de Chateaubriand, qui par un road movie intrigant.

Au détour d’autres lignes, l’on a été interpelé par un singulier petit livre jaune posé sur un banc du parc de la Vallée-aux-Loups. Plus loin, ne serait-ce pas Chateaubriand écrivant dans la tour Velléda ?

Dans un autre parc, l’on a croisé un mystérieux homme en noir de bien étrange allure.

Ailleurs, les murs blancs d’un hôpital. Là, un salon rempli de convives dont on a découvert les visages et le jeu au fil de l'écriture.

 

Les histoires sont désormais achevées. Le recueil est en préparation...

Patience !

 

Bandeau cycle 2 72dpi

© CD92/Vincent Lefebvre-Olivia Sanchez