Ce deuxième cycle philo de conférences est animé par le philosophe Christian Bonnet, professeur émérite de philosophie à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Ses travaux de recherche portent sur les philosophies de langue allemande : kantisme, postkantisme, néokantisme, néopositivisme, philosophie autrichienne.
Programme des séances
1. Kant et le beau
Lorsque je me demande si une chose est belle – observe Kant dans la Critique de la faculté de juger (1790) – je ne me demande pas si l’existence de cette chose a ou pourrait avoir quelque intérêt ou utilité pour moi ou pour quiconque. Le plaisir esthétique est en ce sens désintéressé et susceptible en droit d’être celui de tous. Il a donc une valeur universelle. L’expérience du beau se distingue en cela de celle du bon ou de l’agréable et suggère par là-même, aux yeux de Kant, que notre nature a une autre fin que simplement animale.
2. Du beau au sublime
Le sublime – dont l’analyse prolonge, dans la Critique de la faculté de juger, la réflexion de Kant sur le jugement esthétique – se distingue du beau en ceci que le beau suscite en nous une contemplation calme ou apaisée, tandis que le sublime provoque une tension, une émotion, dans laquelle l’esprit se trouve à la fois attiré et repoussé par l’objet. Qu’il s’agisse de la voûte étoilée ou de l’océan déchaîné, notre imagination est ici confrontée à ce qui la dépasse. Mais cette impuissance de notre imagination ne serait-elle pas précisément le signe que nous ne nous résumons pas à notre dimension sensible, autrement dit le signe de notre transcendance ?
3. De Kant au romantisme
De Schiller – dont les Lettres sur l’éducation esthétique de l’homme se réclament explicitement de Kant – à Goethe ou aux frères Schlegel et à Novalis, la lecture de la Critique de la faculté de juger a joué un rôle majeur dans l’émergence du romantisme allemand et des diverses théories esthétiques qui fleurissent en Allemagne au tournant du siècle. Introduit en France par Madame de Staël dans De l’Allemagne (1813), Kant, bien que de manière plus discrète, ne sera pas non plus absent de l’histoire du romantisme français.
4. A la découverte de Georg Christoph Lichtenberg (1742-1799)
Lecteur et admirateur de Spinoza et de Kant, Georg Christoph Lichtenberg reproche toutefois aux philosophes d’oublier que nous ne sommes pas des êtres de pure raison et d’entendre trop peu la voix du sentiment. Observant que rien n’est plus insondable que le ressort de nos actions, il se demande si c’est par le coeur ou par la raison que nous sommes le plus fortement liés au monde qui nous entoure et souligne le rôle du hasard et de l’inconscient dans la genèse de nos pensées. Si l’attention ainsi prêtée par Lichtenberg aux sentiments n’autorise sans doute pas pour autant à en faire un préromantique, elle confère toutefois à ce penseur méconnu une place originale dans le contexte des Lumières tardives.
Informations pratiques
Sur place ou à distance via l’application Teams
Tarif : 6 € - Tarif réduit : 4 €
Sur réservation : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. ou 01 55 52 13 00
Christian Bonnet
Christian Bonnet est professeur émérite d’histoire de la philosophie allemande à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne où il a enseigné de 1997 à 2020. Il a été professeur invité à l’Université hébraïque de Jérusalem, à l’Université de Vienne et à l’Université Galatasaray d’Istanbul. Ses travaux portent principalement sur les philosophies de la connaissance de langue allemande, de Kant et de l’immédiat postkantisme au néokantisme et au Cercle de Vienne. Il a traduit divers philosophes allemands et autrichiens, parmi lesquels Karl Popper, Moritz Schlick et Friedrich Waismann. Il a notamment dirigé, avec Pierre Wagner, le volume Vienne-Berlin-Prague 1929-1936 : l’âge d’or de l’empirisme logique (Paris, Gallimard, 2006) et publié L’Autre École de Iéna. Critique, métaphysique et psychologie chez Jakob Friedrich Fries (Paris, Garnier, 2013).