Cette scène imagninaire représente Chateaubriand agé assis auprès du Grand Bé où il repose aujourd'hui.

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© CD92/Willy Labre

Antoine Étex (Paris, 1808 - Chaville, 1888). Chateaubriand assis auprès du Grand Bé médite ses Mémoires d’outre-tombe, 1847. Peinture à l’huile sur panneau parqueté. 52,5 cm x 68 cm. Inv. 2014.5.1
Exposé dans la chambre Chateaubriand


Dans cette œuvre, le visage de l’écrivain est plus achevé et plus méditatif que dans le portrait en buste (n° inv. P.003.CG.1) [lien] déjà conservé à la Maison de Chateaubriand, peint la même année, qui a probablement servi de modèle à l’artiste. La composition générale —Chateaubriand figuré au centre dans un ovale, enveloppé dans une grande cape et replié sur lui-même —, les tonalités sombres du fond, le ciel tourmenté et l’écume sur la grève, renforcent l’impression de solitude, de retrait du monde du mémorialiste, à un an de son décès.

Après avoir quitté sa ville natale en 1793, Chateaubriand ne retourna jamais à Saint-Malo de son vivant, mais il sollicita dès 1823 l’honneur d’être inhumé au Grand Bé où il repose aujourd’hui. L’on ignore si cette scène imaginaire fut peinte à sa demande ou à celle de Juliette Récamier qui l’avait convaincu de poser pour un dernier portrait, ou de la propre initiative de l’artiste. Qu’elle ait été conservée dans l’atelier d’Etex jusqu’à sa mort plaide pour la dernière hypothèse.

Sculpteur reconnu, Antoine Etex est l’auteur du monument funéraire de Géricault (cimetière du Père Lachaise) et de deux bas-reliefs de l’Arc de Triomphe de l’Etoile à Paris. Mais, il pratiqua aussi avec succès l’architecture, la gravure et la peinture, encouragé dans cet art par Ingres dont il avait été l’élève. Directeur de l’Ecole des beaux-arts en 1830, Charles Le Normant, mari de la nièce de Juliette Récamier, aida l’artiste à obtenir la bourse qui lui permit de se rendre en Italie, après qu’il eut reçu le second Prix de Rome de sculpture en 1829. C’est probablement par son intermédiaire qu’Etex fut introduit auprès du vieil écrivain. Celui avait tracé depuis déjà plusieurs années les derniers mots de ses Mémoires : « Je vois les reflets d’une aurore dont je ne verrai pas se lever le soleil. Il ne me reste qu’à m’assoir au bord de ma fosse : après quoi je descendrai hardiment, le crucifix à la main dans l’éternité. »

 

Repère chronologique de la vie de Chateaubriand :
Vieillesse et décès de Chateaubriand, portrait peint environ un an avant la mort de l’écrivain, probablement après les dernières révisions des Mémoires, effectuées en 1846 et au début de 1847.

Bibliographie :
Chateaubriand / Jean-Claude Berchet, p. 906-909
Antoine Etex :  peintre, sculpteur et architecte, 1808-1888 / P.E. Mangeant. Paris, 1894, p. 41

Œuvres en rapport :
Portrait de Chateaubriand par Antoine Etex. Inv. P.003.CG.1

Rédacteur de la notice : Gisèle Caumont ; Date de rédaction :   juin 2016