Acquis dans son cadre d’origine, le tableau est une esquisse inédite et parfaitement aboutie de la Sainte Thérèse peinte pour la chapelle de l’Infirmerie Marie-Thérèse, à Paris, institution charitable fondée par l’épouse de Chateaubriand en 1819.
François Pascal Simon, baron Gérard (Rome, 1770 – Paris, 1837). Sainte Thérèse. Peinture à l’huile sur toile. H. 42,5 x L. 24 cm. Inv. 2014.2.1
Exposé dans le petit cabinet
Cette esquisse est typique des premières pensées de l’artiste et d’un style plus libre que l’œuvre définitive, in situ au-dessus du maitre-autel depuis le 3 juin 1828.
Fondatrice de toute une iconographie religieuse du XIXe siècle, conciliant regard spirituel et sensibilité romantique, cette dernière fut aussi emblématique de son époque que la Sainte Thérèse du Bernin en son temps. Avant de rejoindre son lieu de destination, elle avait été exposée au Salon de 1827, où elle avait fait grande impression. Qualifiée à plusieurs reprises de chef-d’œuvre par Chateaubriand dans sa correspondance, elle fut peinte à la demande amicale de Juliette Récamier, désireuse de complaire à l’épouse de son grand ami. Une autre maîtresse de l’écrivain, Hortense Allart, parente du peintre, aurait posé pour la représentation des mains et des pieds de la sainte.
Dans une lettre à un journaliste du Globe en mars 1828, l’écrivain disait : « Je viens de lire dans votre excellent journal l’article où vous avez annoncé la sainte Thérèse de M. Gérard, ouvrage véritablement incomparable, et destiné par ce grand peintre à l’hospice qui doit son établissement au zèle et à la charité de Madame de Chateaubriand. // Madame de Chateaubriand et moi, Monsieur, loin d’être avares du trésor que l’on nous confie, désirons qu’il soit communiqué à tous. […] Je me reprocherais trop de soustraire à sa juste renommée le nouveau chef-d’œuvre de M. Gérard ; la gloire, en France, est une de nos libertés publiques ; tout le monde est appelé à en jouir et à l’admirer. »
Il écrivait plus sobrement dans un texte plus tardif de ses Mémoires, daté du 9 mai 1833, évoquant sa vie quotidienne rue d’Enfer et l’infirmerie Marie-Thérèse : « Quelques bons tableaux de l’école espagnole et italienne, une vierge de Guérin, la sainte Thérèse, dernier chef-d’œuvre du peintre de Corinne, nous font tenir aux arts. »
Avant cet achat, la Maison de Chateaubriand ne conservait qu’une copie plus tardive de la Sainte Thérèse par Joseph-Désiré Court (Rouen, 1797 – Paris, 1865).
Repère chronologique de la vie de Chateaubriand : Chateaubriand / Jean-claude Berchet, chap. XVII, « le Temps des Ambassades », p. 637-679 Œuvres en rapport : Rédacteur de la notice : Gisèle Caumont ; Date de rédaction : 18/08/2016 |