Ce petit buste en plâtre est la réduction de l’œuvre originale en marbre, sculptée en 1826-1827 par Louis Desprez qui orne le monument funéraire de Girodet, érigé par l’architecte Percier, au cimetière du Père Lachaise à Paris.
Louis Desprez (Paris, 1799 – Paris, 1870). Buste de Girodet. 1825. libellé. Plâtre. H. 28 cm. Inv. 2016.1.1
Exposé dans le cabinet Girodet
L'oeuvre
. L’œuvre est signée et datée de 1825 ; elle porte le cachet d’atelier. Une reproduction du buste est conservée au Musée Girodet de Montargis ; il en existe également des tirages en bronze dans diverses collections.
Louis Desprez, élève du sculpteur François Joseph Bosio à l’école des Beaux-Arts de Paris, reçut le prix de Rome en 1826, pour La Mort d’Orion. Pendant son séjour dans la Ville éternelle, l’artiste exécuta, à la demande de Chateaubriand, le bas-relief ornant le bas de la stèle du monument à la gloire de Poussin dans l’église San Lorenzo in Lucina, une transposition sculptée du tableau Et in Arcadia ego. Ayant débuté au Salon de 1824, il y exposa régulièrement jusqu’à sa disparition. Plusieurs sculptures monumentales de Desprez agrémentent des monuments publics et églises parisiennes, tels que l’Assemblée nationale, le Palais du Louvre ou encore l’église de la Madeleine et la place Saint-Sulpice.
Le modèle
Front large et dégagé, longs favoris entourant une mâchoire carrée, cou massif, le modèle de ce petit buste, le peintre Anne-Louis Girodet-Trioson est représenté par le sculpteur dans sa maturité, dans une pose à l’antique — presque comme un empereur romain —, qui accentue l’impression de caractère bien trempé du créateur de plusieurs tableaux emblématiques. Toutefois cette effigie officielle, vigoureuse mais trop classique, manque de l’originalité et de l’apparente spontanéité, cachant une profonde réflexion, mises notamment par le peintre dans tous ses autoportraits.
Girodet naquit à Montargis en 1767. Elève de David dont il s’émancipa assez tôt, il préfigura par son style original le mouvement romantique. Bien que de facture néoclassique, ses tableaux expriment souvent une exaltation du sentiment sans pathos et ses personnages sont d’une grande sensualité. L’œuvre qui aux yeux de la postérité lia définitivement son nom à celui de Chateaubriand — avant qu’il ne peigne le portrait de l’écrivain —, les Funérailles d’Atala, est emblématique de cet esprit.
Les funérailles du peintre
Girodet mourut dans son hôtel parisien, situé au 55 de la rue Neuve-Saint-Augustin (actuelle rue Daunou), le 10 décembre 1824. Ses funérailles, organisées en grande pompe trois jours plus tard, réunirent le gotha artistique et intellectuel de l’époque, écrivains, savants, artistes de tous bords politiques et de toutes écoles confondues. En tête du cortège de près de quatre cents personnes, Chateaubriand, Gérard et Gros, précédaient notamment Horace Vernet, Ary Scheffer et Delacroix, mais aussi Ingres, Becquerel, Humboldt ou encore Daguerre ainsi que Louis-François Bertin, dit Bertin l’aîné, commanditaire des Funéraille d’Atala.
Le peintre et critique d’art Etienne-Jean Delécluze, excellent observateur, dessina sur le vif l’auteur du Génie du Christianisme, recueilli auprès de la tombe de son ami. Chateaubriand avait refusé de prononcer l’éloge funèbre, mais c’est lui qui accrocha sur le cercueil les insignes d’officier de la Légion d’honneur attribuée à l’artiste à titre posthume par le roi.
Repère chronologique de la vie de Chateaubriand : « “Trop Savant pour nous”, le destin d’un peintre poète » / Sylvain Bellanger, in : catalogue de l’exposition 2005-2007, Paris, Musée du Louvre, Chicago, The Art Institute, New York, The Metropolitan Museum of Art, Montréal, musée des Beaux-Arts, Girodet, 1767-1824, Paris, Musée du Louvre éditions, Gallimard, 2005, p. 15-51 Œuvres en rapport : Rédacteur de la notice : Gisèle Caumont ; Date de rédaction : juillet 2016 |