Cycle philosophique autour de Kant et de ses idées, qui questionne les origines philosophiques du romantisme.


Édition 2022

Cycle animé par Christian Bonnet 

 

« Kant et le beau »

Lorsque je me demande si une chose est belle – observe Kant dans la Critique de la faculté de juger (1790) – je ne me demande pas si l’existence de cette chose a ou pourrait avoir quelque intérêt ou utilité pour moi ou pour quiconque. Le plaisir esthétique est en ce sens désintéressé et susceptible en droit d’être celui de tous. Il a donc une valeur universelle. L’expérience du beau se distingue en cela de celle du bon ou de l’agréable et suggère par là-même, aux yeux de Kant, que notre nature a une autre fin que simplement animale.

 

 

« Du beau au sublime »

Le sublime – dont l’analyse prolonge, dans la Critique de la faculté de juger, la réflexion de Kant sur le jugement esthétique – se distingue du beau en ceci que le beau suscite en nous une contemplation calme ou apaisée, tandis que le sublime provoque une tension, une émotion, dans laquelle l’esprit se trouve à la fois attiré et repoussé par l’objet. Qu’il s’agisse de la voûte étoilée ou de l’océan déchaîné, notre imagination est ici confrontée à ce qui la dépasse. Mais cette impuissance de notre imagination ne serait-elle pas précisément le signe que nous ne nous résumons pas à notre dimension sensible, autrement dit le signe de notre transcendance ?

 

 

« De Kant au romantisme »

De Schiller – dont les Lettres sur l'éducation esthétique de l'homme se réclament  explicitement de Kant – à Goethe ou aux frères Schlegel et à Novalis, la lecture de la Critique de la faculté de juger a joué un rôle majeur dans l’émergence du romantisme allemand et des diverses théories esthétiques qui fleurissent en Allemagne au tournant du siècle. Introduit en France par Madame de Staël dans De l'Allemagne (1813), Kant, bien que, de manière plus discrète, ne sera pas non plus absent de l’histoire du romantisme français.

 

 

« À la découverte de Georg Christoph Lichtenberg (1742-1799) »

Lecteur et admirateur de Spinoza et de Kant, Georg Christoph Lichtenberg reproche toutefois aux philosophes d’oublier que nous ne sommes pas des êtres de pure raison et d’entendre trop peu la voix du sentiment. Observant que rien n’est plus insondable que le ressort de nos actions, il se demande si c’est par le coeur ou par la raison que nous sommes le plus fortement liés au monde qui nous entoure et souligne le rôle du hasard et de l’inconscient dans la genèse de nos pensées. Si l’attention ainsi prêtée par Lichtenberg aux sentiments n’autorise sans doute pas pour autant à en faire un préromantique, elle confère toutefois à ce penseur méconnu une place originale dans le contexte des Lumières tardives.

 

Christian Bonnet

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Christian Bonnet est professeur émérite d’histoire de la philosophie allemande à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne où il a enseigné de 1997 à 2020. Il a été professeur invité à l’Université hébraïque de Jérusalem, à l’Université de Vienne et à l’Université Galatasaray d’Istanbul. Ses travaux portent principalement sur les philosophies de la connaissance de langue allemande, de Kant et de l’immédiat postkantisme au néokantisme et au Cercle de Vienne. Il a traduit divers philosophes allemands et autrichiens, parmi lesquels Karl Popper, Moritz Schlick et Friedrich Waismann. Il a notamment dirigé, avec Pierre Wagner, le volume Vienne-Berlin-Prague 1929-1936 : l’âge d’or de l’empirisme logique (Paris, Gallimard, 2006) et publié L’Autre École de Iéna. Critique, métaphysique et psychologie chez Jakob Friedrich Fries (Paris, Garnier, 2013).

 

 

Édition 2021

Cycle animé par Christian Bonnet 

 

« Kant et le siècle des Lumières »

La philosophie de Kant est une philosophie du sujet qui s’inscrit pleinement, à ce titre, dans le paysage philosophique du siècle des Lumières. Pour lui, comme pour ses prédécesseurs – de Descartes à Locke ou à Hume – la pensée ne saurait se diriger vers le monde sans se poser la question du pouvoir de connaître de l’esprit humain et de la légitimité de notre connaissance.

Si Kant n’est pas le premier à s’interroger ainsi sur la nature et les limites de notre esprit, la reformulation de la question et la solution qu’il propose seront en revanche radicalement nouvelles.

 

 
  

 « Kant ou la révolution copernicienne en philosophie »

Avec sa Critique de la raison pure, publiée en 1781, Kant accomplit en philosophie une révolution que lui-même compare à celle par laquelle Copernic mit le Soleil au centre de l’Univers.
On supposait jusque-là, nous dit-il, que la connaissance se réglait sur les objets, que le sujet connaissant « tournait » pour ainsi dire autour de l’objet connu pour s’adapter à lui, le saisir tel qu’il est en lui-même, l’objet demeurant quant à lui « immobile », inchangé.

On fera désormais l’hypothèse inverse, autrement dit l’hypothèse selon laquelle l’objet connu se règle sur le sujet connaissant, c’est-à-dire sur notre pouvoir de connaître.

 
  
 

« Kant et la critique de la métaphysique »

La révolution copernicienne de Kant a cette conséquence radicale que notre connaissance est désormais limitée.

Notre pouvoir de connaître ne s’étend pas au-delà des limites de l’expérience. En ce sens, le premier résultat en est négatif. Toutefois, loin de n’avoir que cette seule utilité négative, consistant à limiter notre savoir, la Critique de la raison pure a également, aux yeux de Kant, une éminente « utilité positive » : elle doit permettre de refonder la métaphysique et de sauver la morale. S’il faut certes, pour cela, commencer par montrer en quoi le chemin suivi jusque-là par les philosophes conduit à une impasse, Kant ne saurait pour autant être tenu pour le « Robespierre de la philosophie » évoqué par le poète Heinrich Heine.

  
 

Kant et la question morale : « Tu dois, donc tu peux »

La conscience de la loi morale – qui se manifeste en nous sous la forme de l’expérience du devoir qui me commande ce que je dois faire, inconditionnellement, quelles que soient les circonstances – est désormais au cœur de la refondation de la métaphysique que se propose la Critique de la raison pratique, laquelle s’emploie à retrouver la liberté, l’existence de Dieu et l’immortalité de l’âme, dont la Critique de la raison pure a établi qu’elles ont inaccessibles à la pure spéculation théorique par laquelle la métaphysique traditionnelle a jusque-là prétendu les connaître.