Quelle que soit la profondeur de la relation au silence de la solitude qui y préside, aucune œuvre ne peut être arrachée à un héritage, aux enjeux de son époque, aux créations de ses contemporains. Celle de Chateaubriand ne fait pas exception. Elle ne fut pas plus indifférente au monde que celui-ci ne le fut à elle.

Les Biennales littéraires de la Vallée-aux-Loups en prennent acte. Elles invitent à arpenter le paysage de son œuvre, y faire résonner des échos, identifier des courants plus larges qui la travaillent, sonder l’ambivalence de certaines hostilités, esquisser des parallèles, discerner des lignes de fuite, mettre en évidence des contrastes pour mieux souligner tel ou tel aspect…

Après Shakespeare, Goethe et Byron, cette Biennale est consacrée à Victor Hugo. Il n’est pas besoin de présenter l’auteur de Notre-Dame de Paris, sauf à rappeler qu’il entretint avec Chateaubriand, son aîné mais son contemporain, une relation particulière qu’on ne bornera qu’à tort à quelques mots trop célèbres : « Je veux être Chateaubriand ou rien » ; « Je m’en vais, monsieur, et vous venez ».

La forme de ces Biennales, proposées par une maison d’écrivain hospitalière, se veut amicale, ouverte, accueillante. La musique, le théâtre, le cinéma, des conférences de spécialistes, des tables rondes s’y entremêlent, dans une programmation établie en concertation avec Jean-Marc Hovasse. Chateaubriand nous pardonnera d’en emprunter la formule, précisément, à Victor Hugo : « Tout pour tous ».

Concernant aussi bien la vie littéraire que la vie politique au sens large, les conférences et les tables rondes, réunissant les meilleurs spécialistes dans leurs domaines, couvrent quatre grands axes : Victor Hugo face à l’Histoire (de Napoléon à la Commune de Paris) ; Victor Hugo à l’œuvre (poésie, roman, théâtre) ; Victor Hugo et les arts (les dessins, mais aussi l’art populaire et le cinéma) ; enfin l’amitié, l’amour et la nature.

À côté du « Musée populaire de Victor Hugo » exposé dans la bibliothèque, plusieurs spectacles sont au programme : Le Mystère Esmeralda, adapté de Notre-Dame de Paris et mis en scène par Mickaël Soleirol, interprété par Florence Gaussen et Rémi de Monvel ; une lecture spectacle à deux voix de la pièce de Danièle Gasiglia-Laster « Être Chateaubriand ou Victor Hugo » ; un concert inédit de mélodies françaises sur des poèmes de Victor Hugo par la soprano Camille Poul accompagnée par Fériel Kaddour ; une projection présentée de l’Histoire d’Adèle H. de François Truffaut ; une lecture inédite de Fabrice Luchini : « Hugo, Baudelaire… ».

Non content d’héberger la Biennale dans sa maison, Chateaubriand est régulièrement présent dans ce programme, en raison de sa relation à Napoléon comme à Victor Hugo. Les grands anniversaires de l’année ne sont pas oubliés non plus, qu’il s’agisse des cent cinquante ans de la Commune célébrés pour ainsi dire en direct, puisqu’elle s’est achevée le 28 mai, des bicentenaires de la naissance de Baudelaire (9 avril) et de Flaubert (12 décembre), et enfin du bicentenaire de la mort de Napoléon le 5 mai.